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L’histoire du tissu Wax, un voyage à travers les cultures et le temps

Emilie DUBILLY
assortiment tissus wax

Sommaire



Le Wax (ou “cire” en français), ce textile aux couleurs vives et aux motifs uniques, n’est pas une simple cotonnade. Cette pépite raconte une histoire.


Une histoire riche, marquée par des voyages, des échanges et une adoption massive par les cultures africaines.

Aujourd’hui, il est devenu un symbole d’identité et de fierté culturelle.


Mais d’où vient vraiment le tissu Wax ?

Est-il né en Afrique ou ailleurs ?


Comment ce tissu a-t-il traversé les époques pour devenir si emblématique ?


Je te propose de remonter le fil de l’histoire de ce textile fascinant.


Prépare-toi à découvrir ses origines surprenantes, son rôle dans les traditions et son influence dans le monde de la mode moderne.


Prêt·e à plonger dans cette épopée colorée ?

C’est parti !


Les origines historiques du Wax


Pour comprendre l’histoire du Wax, il faut voyager à travers les continents.

Ce tissu n’est pas né en Afrique, contrairement à ce que beaucoup pensent.


Son histoire débute bien plus à l’Est, avant d’être transformé et sublimé par les cultures africaines.


Une inspiration venue d’Indonésie


Tout commence au XIXe siècle, loin de l'Afrique, dans l’archipel indonésien.

A cette époque, les Néerlandais, alors colonisateurs de l'Indonésie, furent fascinés par une technique locale de teinture à la cire appelée le batik.


Le batik javanais est une méthode complexe où des motifs sont dessinés à la main sur du tissu avec de la cire chaude, avant d'être teints.

Les parties recouvertes de cire résistent à la teinture, créant ainsi des motifs colorés, une fois celle-ci retirée.


Voyant le potentiel commercial du batik, les Néerlandais et les Britanniques ont donc décidé de développer une technique similaire, mais à l’échelle industrielle, afin de satisfaire une demande plus vaste.

Ils ont créé des machines capables de reproduire les motifs du batik, tout en conservant l'esthétique complexe et les couleurs qui caractérisent ce tissu.


Ils envisageaient de vendre ces tissus imprimés à la cire en Indonésie.

Cependant, les Indonésiens, habitués à la qualité et à la complexité du batik traditionnel, n'ont pas accueilli favorablement cette version industrielle du tissu.

Les motifs manquaient de la finesse et du détail que les artisans indonésiens pouvaient réaliser à la main et restaient attachés à leur savoir faire et leurs pratiques ancestrales.



L’arrivée en Afrique : 1ers contacts


C’est via les côtes africaines que le Wax a trouvé son véritable foyer.


Cherchant donc de nouveaux marchés pour leurs textiles, les commerçants, principalement de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales (VOC), se tournèrent vers l'Afrique de l'Ouest.


De quelle façon ?

Ils ont d'abord testé le marché avec des “échantillons”, ramenés par les soldats africains qui servaient l’armée coloniale.

Cela leur a permis d’observer la réaction des populations locales.


Ces dernières, qui avaient déjà une riche tradition textile (comme le Kente ou le Bogolan, chacun ayant ses propres techniques de fabrication) étaient non seulement réceptives à ces tissus, mais elles les ont adopté avec enthousiasme.

Le succès fût immédiat !

Et contrairement aux Indonésiens, les Africains appréciaient ces nouveaux tissus pour leur esthétique unique et leur potentiel d'expression culturelle.


Adoption et Intégration Culturelle


Le Wax a rapidement été intégré dans les cultures locales.

Il a été utilisé pour créer des vêtements traditionnels, tels que les boubous, les pagnes, et les robes.


Les femmes, en particulier, ont joué un rôle crucial dans sa popularisation.

Elles les utilisaient pour des tenues de tous les jours, ainsi que pour des occasions spéciales comme les mariages, les funérailles, et les fêtes religieuses.


Les motifs ont été adoptés et adaptés pour refléter les significations culturelles africaines (par exemple, certains motifs représentent la fertilité, la prospérité, ou la protection spirituelle).


Cette capacité à raconter des histoires et à véhiculer des messages à travers eux était particulièrement précieuse pour les Africains de l'Ouest.


Les Nana Benz, ambassadrices du Wax en Afrique


Impossible de raconter l’histoire du Wax sans évoquer les légendaires Nana Benz.


Ces femmes d’affaires togolaises des années 1970-1990 ont contribué à faire de ce tissu un véritable phénomène, tout en incarnant l’émancipation et la réussite féminine.


Le surnom "Nana Benz" leur vient de leur succès spectaculaire, symbolisé par les luxueuses voitures Mercedes-Benz qu’elles possédaient … signe de prestige à l’époque.

Les Nanas Benz ambassadrices du Wax en Afrique
Nana Benz posant devant leur Mercedes Benz - Source : BY US MEDIA / 02.2022

Ces entrepreneuses visionnaires (et millionnaires !) ont su transformer le Wax en un produit hautement désirable.


Elles importaient principalement le tissu depuis les Pays-Bas, où des manufactures comme Vlisco dominaient la production.


Cependant, leur véritable génie résidait dans leur capacité à comprendre et à anticiper les goûts des populations locales.


Les Nana Benz ne se contentaient pas de vendre du Wax.

Elles étaient aussi impliquées dans le processus de création des motifs.

Elles travaillaient étroitement avec les fabricants européens pour adapter les designs aux traditions et aux préférences des clientes africaines.


Chaque motif pouvait avoir une signification profonde, qu’il s’agisse de symboliser l’amour, la prospérité, ou encore des événements sociaux.

Grâce à leur expertise, elles ont su faire du Wax un tissu chargé de sens et apprécié dans toute les sociétés.


Mais leur influence ne s’arrêtait pas là !

Les Nana Benz étaient également des figures de pouvoir et de respect.


Dans une époque où les femmes avaient rarement accès aux sphères économiques, elles ont su imposer leur place.

Leur succès a inspiré des générations entières de femmes entrepreneures en Afrique et au-delà.

Aujourd’hui encore, leur héritage perdure (avec les Nanettes).


Elles incarnent une époque où commerce, culture et empowerment féminin se sont rencontrés pour transformer un “simple tissu” en un symbole de fierté africaine.


Evolutions et innovations locales


Avec le temps, donc, les Africains de l'Ouest ont commencé à demander des motifs et des couleurs spécifiques, influençant ainsi la production de Wax par les entreprises européennes.


Les fabricants comme Vlisco se sont adaptés aux préférences des consommateurs africains pour rester compétitifs.

Ils ont ainsi créé des designs inspirés par l'art et la culture africaine, allant même jusqu'à employer des artistes locaux pour développer de nouveaux motifs.


Des usines locales ont également vu le jour, comme la Ghana Textile Printing Company (GTP) au Ghana et Uniwax en Côte d'Ivoire.

Ces entreprises ont apporté leurs propres innovations au Wax, en utilisant des techniques locales et en introduisant de nouvelles combinaisons de couleurs et de motifs.

Cela a non seulement diversifié l'offre de Wax, mais a aussi stimulé l'industrie textile locale, créant des emplois et soutenant les économies nationales.



Le Wax, de l’Afrique aux podiums du monde entier


L’histoire du Wax est celle d’un tissu qui a su traverser le temps et les frontières pour devenir un symbole universel.


Aujourd’hui, il brille autant sur les marchés locaux que sur les podiums des plus grandes maisons de mode.

Sa richesse culturelle et son esthétique en font un incontournable de la scène internationale.


Le Wax dans la mode contemporaine


Le Wax n’est plus seulement un tissu ancré dans les traditions africaines : il est désormais un acteur majeur de la mode moderne.


Des créateurs visionnaires, qu’ils soient africains ou internationaux, l’ont intégré dans des collections qui redéfinissent les codes du style.


  • Des défilés aux tapis rouges : Le Wax s’invite sur les podiums des Fashion Weeks et dans les tenues de stars internationales.


  • Un mélange de tradition et de modernité : Des coupes audacieuses, des motifs uniques, le Wax s’adapte aux tendances sans perdre son essence.


  • Des collaborations prestigieuses : Les marques de luxe et les créateurs indépendants l’utilisent pour célébrer la diversité et la culture.


Aujourd’hui, porter du Wax, n’est pas qu’un choix esthétique : c’est également un hommage à une histoire riche et unique.


Défilé L.A.M.B. Spring 2011
Défilé L.A.M.B. Spring 2011 - Source Pinterest

Une influence qui dépasse les frontières africaines


Au-delà de l’Afrique, le Wax est devenu un symbole universel d’expression culturelle et d’identité.


Son succès repose sur plusieurs facteurs :


  • Un attachement des communautés africaines : Le Wax est un lien avec les racines, un moyen de célébrer ses origines tout en vivant à l’étranger.


  • Une adoption globale : Il séduit un public diversifié, attiré par son esthétique unique et son authenticité.


  • Un tissu qui inspire au-delà de la mode : Déco, accessoires, art… Le Wax s’intègre partout, apportant sa touche de couleur et de symbolisme.


De Paris à Tokyo, en passant par New York, le Wax continue de séduire par sa capacité à raconter des histoires.


Son héritage est vivant, et chaque motif, chaque création invite à découvrir un pan de son histoire.



Une histoire du Wax qui continue de briller


Comme tu peux le constater, le tissu Wax est un véritable symbole culturel et identitaire.


Son histoire, riche et fascinante, traverse les continents, mêle traditions et modernité, et reflète des siècles d’échanges culturels.


De ses origines indonésiennes à son adoption passionnée en Afrique, en passant par son rayonnement mondial, le Wax raconte une histoire d’adaptabilité et de créativité.


Grâce au travail des Nanas Benz et à l’engouement des créateurs de mode, il continue de séduire et d’évoluer.


Aujourd’hui, le Wax dépasse les tendances. Il s’inscrit comme une icône intemporelle qui unit les générations et les cultures.

Que ce soit pour célébrer un héritage, exprimer sa personnalité ou affirmer son style, le Wax a encore de belles pages à écrire.


 

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Je te propose d’écouter cet épisode de Podcast de France Culture paru le 23/01/25

"C’est le wax qu’on préfère, du tissu colonial à l’emblème panafricain"




 


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